« Utilisatrice:Oscura03/Histoire » : différence entre les versions
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-Il y a très peu de chance qu’elle survive, et encore moins sans séquelles, dit un des deux paramédicaux. |
-Il y a très peu de chance qu’elle survive, et encore moins sans séquelles, dit un des deux paramédicaux. |
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Les 5 personnes baissèrent la tête, triste de cette malheureuse nouvelle. Les ambulanciers sortirent une civière et soulevèrent délicatement Iris afin de la déposer dessus. Ils fièrent extrêmement attention au cou fragile de la jeune blessée. Salomon miaula pour être déposé sur le sol. Lorsqu’il fut par terre, le jeune chat sauta sur la civière et se lova aux pieds de son amie. L’ambulance partie, la sirène allumée. Le véhicule fendait l’air, esquivant les voitures qui barraient son chemin. |
Les 5 personnes baissèrent la tête, triste de cette malheureuse nouvelle. Les ambulanciers sortirent une civière et soulevèrent délicatement Iris afin de la déposer dessus. Ils fièrent extrêmement attention au cou fragile de la jeune blessée. Salomon miaula pour être déposé sur le sol. Lorsqu’il fut par terre, le jeune chat sauta sur la civière et se lova aux pieds de son amie. L’ambulance partie, la sirène allumée. Le véhicule fendait l’air, esquivant les voitures qui barraient son chemin.En moins de 10 minutes ils étaient à l’hôpital. Alors même qu’ils franchissaient la porte des urgences, une panoplie de personnes en uniforme bleu ou blanc vinrent à leur rencontre. |
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-Cette jeune fille doit être opérée de toute urgence ! ALLEZ ALLEZ ! cria un des paramédicaux qui était dans l’ambulance. |
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Un jeune homme d’une trentaine d’années en uniforme bleu prit Salomon dans ses bras et l’amena dans une cage, dans la salle d’attente. « Quoi !!!! Mais…. Mais que fais-tu !? IRIS ! IRIIIIIIIIIIIIIIIISSSS!!!!!! miaula t-il ». Désespéré, Salomon s’affala au fond de la cage et mit son museau entre les barreaux. Plusieurs effluves vinrent lui chatouiller le nez. Les personnes dans ce bâtiment étaient en proie à la tristesse, à la maladie, à la douleur et au désespoir, c’était ça l’odeur qui régnait dans l’hôpital. Le jeune chat attendit, attendit, attendit encore et encore. Iris ne revenait pas. Marc non plus n’était jamais revenu le chercher. Salomon était seul, et tout ça était de sa faute. Il n’avait pas réussi à protéger ceux qu’il aimait et l’aidait sans même hésiter. Pour eux, il n’était qu’un chat, un animal de compagnie. Le matou en était là dans ses lamentations quand, par miracle, une vieille dame franchit la porte de l’hôpital. Elle avait dans ses bras un chat d’un blanc immaculé. La patiente fit quelques pas et tomba sur le sol. Elle convulsait et de la bave moussue sortait de sa bouche. Salomon n’avait jamais rien vu de tel. C’était incroyablement terrifiant. Le compagnon à quatre pattes de la dame paraissait habitué à ce genre de crise, alors à l’aide de sa petite main de chat, il remonta le long de sa manche et pesa sur une montre intelligente. Une alarme sortit de cet appareil et une infirmière accourue immédiatement à la rescousse. La vieille femme partit en civière et Salomon la perdit de vue. Par contre, le chat de la dame resta dans la salle et s’approcha du matou roux. La bête blanche avait les yeux vairons: un vert et un bleu. |
Version du 29 juin 2023 à 15:20
Lorsque tous périront,
Que des grenades tomberont du ciel,
Les deux élus devront suivre le sentier,
Menant aux étoiles…
Chapitre 1
Salomon regardait par la vitrine, assis comme toujours sur le rebord, où un énorme coussin moelleux lui servait de perchoir. Ledit coussin avait des rayures blanches et bleues, décoré de petits points noirs parsemés sur le tissu. Comme chaque jour, à la même heure, la bande de quatre chats errants venait pour récupérer leur butin. Leur chef, Rauque, le fixa de son regard indéchiffrable. Étant un Mau Égyptien, sa fourrure était d'un gris foncé tacheté de noir. Comme tous les chats de sa race, ses yeux étaient verts pâles et son front était marqué par un « M » distinct. Une gargantuesque balafre partait du haut de son œil, jusqu’au bas de sa joue droite. Une partie de son oreille gauche était manquante, synonyme d'une ancienne bagarre. Salomon descendit donc de son coussin et se dirigea dans un coin reculé, le plus loin possible des humains. Il attendit qu’aucun le regarde et donna un petit coup sec sur une trappe d'aération menant à un garage. Le matou entra par reculons dans l'ouverture, puis referma la grille. Le tunnel était étroit et sombre. Une panoplie de petits clous dépassaient çà et là, ce qui pourrait être néfaste pour ses coussinets. Salomon tenta de se retourner pour avancer par le devant, mais son petit surplus de poids était loin d’être un avantage. Après une énième tentative, il réussit enfin. Le jeune chat perpétua son chemin en prenant garde d'éviter les toiles d'araignées, les noircissures et les répugnants cloportes. Il ne voulait absolument pas maculer de saleté son bellicisme pelage couleur feu. Effectivement, Salomon était un chat roux Abyssin au pelage court et soyeux, ayant des yeux verts émeraudes et un museau d’un rose saumon. Sur son dos, on pouvait apercevoir quelques rayures brunâtres et de loin il aurait pu ressembler à un puma miniature. Après plusieurs minutes à ramper et à se faufiler, il arriva au garage. Là-bas s'entassaient plusieurs motos de livraisons rouges et blanches, qui appartenaient à la Pizzeria Salomon et Cie, celle de son maître. Salomon poussa la grille et partit à la rencontre des chats, qui l'attendaient déjà depuis longtemps.
« - Tu en as mis du temps, dit Rauque d’un air lassé.
- Le chemin a été plus long que prévu, lui répondit Salomon.
- Tu parles comme si cela faisait des jours que tu marchais, dit un cornish rex que Salomon n'avait jamais rencontré auparavant. Ce jeune chat avait une tâche noire autour de son œil gauche et une crème de l’autre. Le reste de son pelage se mélangeait entre ses deux couleur, ajouté de blanc. Ses yeux étaient de couleur jaunes et son pelage était court et duveteux. De plus, sa queue était mince et longue.
- Peut-être que chaque pas est épuisant pour un chat domestique, continua Aphrodite, une chatte dont la race portait son nom, d'un air moqueur. Sa fourrure était magnifique, se mélangeant entre le roux sur les deux oreilles et la queue, et le blanc sur le reste de son corps. Ses grands yeux perçants étaient noisettes.
- ASSEZ JACASSER ! cria Rauque. Où est notre butin ? dit-il à Salomon.
- Vous devriez l'appeler le butin. C'est moi qui le vole à mon maître et qui le trahit chaque jour, chuchota Salomon.
- Tu as du culot le chat domestique, cracha Oeil-d'aigle, un chat main coon. Cet énorme matou avait les yeux jaunes et son long pelage était gris avec quelques touches de blanc.
- Rien ne te l'oblige à nous le donner, mais je te rappelle que nous sommes affamés et que tu as un bon ventre joufflu, miaula Rauque. »
Salomon se sentit alors tout petit et vulnérable. Il s'empressa de courir vers la porte grinçante menant à l'atelier et poussa une énorme caisse de bois sous la poignée afin d’ouvrir la porte. Une fois à l'intérieur, le jeune chat roux s'assura qu'aucun chat errant ne l'espionnait, car il n'y avait pas que de la nourriture ici; il y avait aussi plusieurs coffres-forts appartenant à son maître. Lesdits coffres avaient un mot de passe, mais les chats errants avaient plus d'un tour dans leur sac. Ils pourraient, avec beaucoup de persévérance, les ouvrir. Salomon prit alors le sac rempli de nourriture qu'il avait préparé la veille et le traîna par sa gueule. Par contre, ce qu'il n'avait pas remarqué, c'est qu'il y avait un rat qui mangeait les deux filets de poissons du chef. À son retour, il eut une mauvaise surprise de la meute, qui déjà, se battait, car chacun voulait son aliment favori.
« -Ah ! Enfin de quoi se rassasier. Ça fait des heures que j’attend ce moment, dit Oeil-d'aigle.
-C'est moi qui prend le fromage ! dit Farouche.
-Et moi la cuisse de poulet, répondu le chat qui était inconnu à Salomon. »
Les chats prirent, chacun leur tour, leur aliment préféré. Étant le chef, Rauque se devait de prendre la première bouchée. Au moment où il allait la prendre, Aphrodite cria :
« -Chef ! Il y a un rat ! Le chat domestique a mis un rat pour qu'il mange toute votre part !
-Je n'aurai qu'à le manger. Où est-il ? »
Le vieux chef tourna ses poissons et vit le rat. Il avait mangé la moitié d'un filet.
« -Mais il est maigrelet! Comment veux-tu que je mange quoi que ce soit sur cette misérable créature !? s'énerva Rauque. Tu as voulu me mettre en colère, le rouquin ?!
-Sans vouloir vous vexer, il vous reste un poisson et une moitié, répondit Salomon.
-Je vais les manger, tes poissons. Mais sache que pour ta tentative d'éliminer ma nourriture, tu devras me chasser une proie, sous mes yeux. »
Salomon se recroquevilla de peur sur lui-même. Il n’avait jamais chassé, cela comportait bien trop de risques pour sa santé ! Le jeune chat, affolé, imagina plusieurs scénarios, aussi terribles les uns que les autres, comme celui où il ne pourrait plus voir sa maîtresse préférée, Rose, la petite fille âgée de 3 ans de Marc, car il aurait développé une maladie tellement rare qu’aucun remède n’aurait été développé par les scientifiques. En revanche, Salomon n’avait pas le choix, il avait des dettes à rembourser. En effet, son père, Calicot, avait appartenu à la meute de Rauque lorsqu’il était de ce monde. Un jour, il avait trouvé six chatons affamés sur les rives d’un lac. Sans en glisser un mot à son chef, il déroba le trois quart de la réserve de nourriture d’hiver de la meute pour nourrir les pauvres petits. S’apercevant de ce crime seulement le lendemain, Rauque le convoqua devant la meute pour s’expliquer. Ayant aucune raison qui plaisait à celui-ci, Calicot fut obligé de réparer son crime en récupérant toute la nourriture volée. Malheureusement, les chatons avaient déjà tout dévoré, ce qui compliquait gravement les choses de leur sauveur, qui devait maintenant chasser exactement le même nombre de proies qu’il avait dérobé, peu importe le temps que ça lui prendrait. Cependant, Calicot fut assassiné par un membre de la meute quelques mois après son vol, donc ses dettes revenues à Salomon, alors âgé d’une année. Depuis maintenant deux an, le jeune chat remplissait cette tâche sans relâche, attendant patiemment la fin de l’endettement de son père, qui normalement s’achevait bientôt.
« -D'accord, je vais le faire, dit Salomon, peu assuré. »
Pendant que les chats mangeaient, Salomon alla voir si tout se passait bien à la pizzeria. Avec plus de facilité que tout à l'heure, il traversa la trappe d'aération. Il atterrit dans une salle circulaire où se trouvait plusieurs tables en bois patiné. La salle à manger était bondée de personnes, qui dégustaient des repas variés. Les murs étaient gris pâle et décorés d’œuvres d’art appartenant à des artistes québécois. Le plancher était en bois de chêne et un énorme tapis bleu partait de l’entrée jusqu’au comptoir. D’ailleurs, c’est au ledit comptoir que toute l’existence de Salomon allait changer. Là-as, il y avait un vieil homme au cheveux gris bouclés qui se disputait avec un employé,Marc, le maître de Salomon. Ce jeune homme était de taille moyenne et avait les cheveux blonds courts. Il portait des lunettes vertes, ce qui mettait en valeur ses yeux marrons. Le jeune chat s'approcha d'eux pour épier leur conversation. Il se cacha derrière une plante d'intérieur pour ne pas que Marc le remarque, ou pire, que le vieil homme le voit.
« - J'ai le droit de prendre une place ! Cria l'homme.
- Monsieur, notre salle est pleine. Par contre, vous pouvez réserver, répondit Marc.
Le vieil homme tapa sur le comptoir.
- Je me fiche de vos réservations ! Je veux une table maintenant !
- Alors vous devez attendre comme tout le monde, dit Marc.
- Je suis plus âgé, ils doivent me donner leur place ! S'écria l'homme en regardant des petits enfants du coin de l’œil.
- Ils sont arrivés avant ! Dit le maître de Salomon, qui commençait vraiment à s'énerver. Venez, nous allons discuter de cela dehors.
Les deux monsieurs sortirent et le vieil homme recommença à crier. Salomon aurait bien voulu continuer à entendre leur conversation, mais il n'eut pas le temps de se faufiler par la porte lorsque les deux hommes sortirent. De l'intérieur, il entendait crier, mais aucune parole distincte ne lui parvenait à l'oreille. Puis, lorsqu'il se dit qu'il allait retourner voir les chats errants, le vieil homme donna un violent coup de poing à Marc, qui s'écroula la tête première sur le trottoir de béton. Salomon resta figé par la surprise, puis après quelques secondes, il ressentit une folle rage envers cet homme. Sans réfléchir, il courut aussi vite que ses petites pattes lui permettaient vers une fenêtre et sauta pour l'atteindre. Les clients, qui avaient regardé le spectacle, se poussèrent de ladite fenêtre et Salomon la percuta. La vitre retomba en milliers de petits fragments de verre sur le sol. Il sentit une profonde douleur à l'épaule droite, mais l'ignora totalement. Il vit Marc, au sol, immobile, son crâne en sang. Le vieil homme n'était plus près de Marc. Salomon leva la tête et le vit courir le plus vite possible, loin de Marc. Le jeune chat sauta sur ses pattes et courut à la poursuite de l'homme. Cependant, il ne se rendit pas compte que les chats errants le suivaient de loin. Dans un dernier sprint, il atteignit l’homme.
« ARGH !!! cria Salomon. »
Le jeune matou avait pris l'homme par surprise et en profita pour lui sauter dessus. Le vieux monsieur le prit par la peau du cou et le lança de toutes ses forces sur l'arbre le plus proche. Salomon prit le coup sur le dos et s'écroula par terre.
- Ce n'est pas un chat errant qui va m'arrêter ! Cria l'homme.
Le jeune chat roux pensa alors à Marc qui était peut-être gravement blessé et se releva. Il chargea le malfaiteur et lui sauta au visage. Il le griffa, le morda et puis, au bout d'un moment, au septième coup de griffe, Salomon entendit un cri déchirant, venant de son rival. Il couvrait son œil gauche à l'aide de sa main. Le jeune chat savait maintenant qu'il avait vengé Marc et s'écroula sous la douleur de son dos et de son épaule. Tout ce qu'il entendit avant de s'endormir fut la sirène d'une ambulance. Il espéra que c'était pour Marc, puis s'endormit au moment où Rauque et sa troupe sortirent de leur cachette pour lécher ses blessures...
Chapitre 2
Salomon se réveilla sur une surface moelleuse, comme son coussin sous la vitrine à la pizzeria, sauf que les odeurs étaient très différentes. Effectivement, plusieurs effluves animales pouvaient être senties, dont beaucoup appartenaient à des chiens. Le jeune matou ouvrit les yeux et resta bouche bée: il était chez le vétérinaire, quelle horreur ! Soudainement anxieux, il tourna subitement la tête afin d’apercevoir quel humain l’accompagnait dans cet enfer. Ce n’était pas Marc, mais un homme portant une blouse bleu pâle. Salomon ne se rappelait pas où il l’avait vu, mais il lui semblait familier. Paniqué, il sauta de ses genoux et hérissa son poil.
« - Mais que fais-tu ! cria l’homme.
« Je m’enfuis du vétérinaire qu’est que tu crois, pensa Salomon. » »
Il se retourna pour regarder l’endroit où il se trouvait, afin de savoir quelle issue il empruntera pour s’enfuir de ce lieux affreux. La petite clinique peinte tout de blanc était décorée des nombreux diplômes universitaires des employés qui travaillaient ici. À quelques places sur les murs, des tâches jaunâtres salissaient la peinture blanche et quatre fenêtres, dont une entrouverte, surplombaient lesdit murs. Salomon regarda les autres patients de la salle: un énorme Bouvier bernois accompagné de son humaine qui avait visuellement le même âge que le vieil homme malfaiteur, un petit chat sphinx ressemblant à Yoda de Stars Wars en enlevant la couleur de sa peau et une chatte siamoise qui le regardait avec un regard hautain.
«- Sauve toi de cet endroit tant que tu en as le temps, lui jappa le chien.
-C’est ce que j'essaie de faire, sac à puces ! répondit il. »
-Je ne te conseille pas de partir, dit la siamoise en articulant tous ses mots, une petite chirurgie ne ferait pas de mal à ton physique… banal. »
Bouillant de honte, Salomon leur tourna le dos, juste à temps pour voir son accompagnateur s’approcher furtivement de lui afin de le rattraper. En moins d’une seconde, le jeune chat sauta sur le côté et partit au pas de course vers la fenêtre entrouverte. Comment pouvait-il l'atteindre ? C’était la question qu’il se posait en ce moment même. Rapidement, il regarda les étagères de médicaments pour évaluer leur solidité s'il décidait de s’en servir pour sauter jusqu’à la fenêtre. N’ayant pas le temps de trouver une autre solution, Salomon grimpa dessus, en faisant tomber toute une panoplie de flacons de pilules. L’homme tendit les bras pour l'attraper. Le matou n’hésita pas une seconde et sauta vers la fenêtre. Malheureusement, l’horrible douleur à son dos l’empêchit de réussir convenablement son atterrissage.
« - M.Lonell ! cria un vétérinaire à l’homme qui tentait de reprendre Salomon. Vos résultats sont prêts. Il semblerait que votre chat ait une grave fracture à la colonne vertébrale. Heureusement, la moelle épinière n’a pas été touchée lors de l’im….. »
Le pauvre monsieur regarda Salomon, puis fit de même avec Lonell. Ne sachant pas quoi faire, il haussa les épaules d’un air perdu. L’accompagnateur de Salomon soupira et s’empressa de courir vers la sortie afin de venir rejoindre le fugueur par l’extérieur. Ni une ni deux, le jeune matou roux se mit à courir. Il n’avait aucune idée où il se trouvait. Tout ce qu’il savait c’était qu’il était entouré d’énormes bâtiments et de gratte-ciel. La fenêtre entrouverte donnait sur une étroite ruelle ensevelie de plusieurs sacs de détritus et quelques rats se promenaient çà et là. En les regardant, Salomon se rendit compte à quel point il avait faim. N’ayant pas le temps de s’apitoyer sur son sort, il continua sa course, sautant par dessus les ordures et contournant les trappes d’égouts. Rapidement, il arriva devant une intersection de trois rues.
« Laquelle je prend ? se demanda Salomon. »
Il n’avait que quelques secondes pour réfléchir à quel chemin il allait emprunter. Le jeune chat prit alors la rue de gauche et continua à courir. Il se retourna pour voir où son poursuiveur était, mais il n’aurait pas dû, car il arriva tête première sur les jambes d’une humaine qui marchait sur le trottoir. L’humaine se pencha, puis le prit dans ses bras. Salomon se tortilla pour s’échapper de son emprise, mais en vain.
« -Raphaël, tu n’avais qu’une seule tâche à accomplir: amenez un chat chez le vétérinaire. C’est tout ce que ton frère t’a demandé, dit une vieille femme.
-Maman ! Je… je ne savais pas que tu venais ici aujourd’hui… »
Le jeune chat tourna la tête et remarqua avec surprise que la vieille femme était nulle autre que Rita, la mère de Marc. Donc l’homme en blouse bleue devait être… Le frère de Marc, Raphaël Lonell !
« Voilà pourquoi il me disait quelque chose cet homme, se dit Salomon. »
« - Je suis vraiment navré, maman. Seulement, ce chat est une petite peste et il m’a échappé. Je ne comprends pas comment Marc peut aimer une telle bête.
-Arrête immédiatement de rouspéter et ramène ce matou là où il devrait être en ce moment, répondit sa mère avec fermeté. »
Juste en entendant cette phrase, la panique gagna Salomon. Premièrement, personne n’aimait aller chez le vétérinaire. Deuxièmement, pourquoi Marc ne l’avait pas amené lui-même ? Il était peut-être gravement blessé ou pire: que ce soit ses dernières volontés ! En tant que compagnon de son maître, il se devait de le retrouver et de l’aider au besoin. Alors, tout d’un coup, il se laissa glisser entre les bras de Rita et retomba sur ses pattes sur le trottoir de béton. Surprise, la mère de Marc voulut le rattraper, mais Salomon était déjà loin, courant aussi vite qu’il le pouvait. Il passa devant plusieurs boutiques, mais une avait une porte entrouverte. Rapidement, le jeune chat entra. C’était une boutique de savons et de parfums. Pour l’odorat extrêmement bien développé des chats, c'était beaucoup trop d’odeurs pour que ce soit supportable. Ladite boutique était une pièce de grandeur moyenne, comportant des murs rose pâle. Plusieurs étagères de produits trônaient çà et là, laissant aux clients une panoplies de choix. Un énorme comptoir de quartz noir était à droite de la salle, ou une employée lisait un livre pour patienter. À l’arrière d’elle, se trouvait une porte en bois rouge marquée « Staff only »… Cette porte était intrigante, comme toute celle où l’accès était interdite, mais que bizarrement, tu ressentais la folle envie d’y jetter un œil. Entre la porte d’entrée et le comptoir, se trouvait la cachette idéale afin que Salomon échappe à Raphaël: un tablier sur une chaise. Il se cacha sous ce meuble d’un bois de bouleau et regarda la porte, attendant que Raphaël pénètre dans la boutique. Malheureusement, tout ce qu’il pouvait voir de sa cachette était les écritures marquées en rouge du tablier et les jambes de son poursuiveur, qui venait d'entrer, par une minuscule fente entre la chaise et le morceau de tissu qui le recouvrait. M. Lonell chercha du regard le jeune chat perdu, mais ne le voyant pas, il demanda à la jeune femme qui était au comptoir:
- Excusez-moi, mademoiselle ?
- Comment puis-je t’aider ? répondit t’elle. Elle avait de longs cheveux bruns foncés et des yeux gris pâles. Cette jeune employée portait une chemise entièrement blanche, des pantalons noirs et le tout était recouvert par le long tablier rouge de la boutique. Un logo se trouvait dans le coin gauche du tablier, mais Salomon était trop loin pour pouvoir déchiffrer cette écriture.
- Je recherche un jeune chat, qui serait apparemment entré dans votre boutique. L’avez-vous vu ?
- Premièrement, arrête de me vouvoyer, ça me met vraiment mal alaise. Deuxièmement, pourquoi un chat entrerait-il dans une boutique de savon ?
- Hmmm…. Bah en fait …… euh…. C’est une longue histoire, soupira Raphaël. C’est le chat de mon frère. Il s’est fait agresser hier par un homme voulant absolument une table dans la pizzeria de mon frère, qui lui répétait sans cesse qu’il n’y avait plus de place disponible. Salomon, c’est le nom du chat, a foncé sur une fenêtre, qui s’est brisé en mille morceaux, et a attaqué le vieil homme, qui l’a lancé sur un arbre de toutes ses forces. Le chat a pris le coup sur le dos, ce qui évidemment a créé une fracture. Donc, je l’ai apporté au vétérinaire, mais il a réussi à s’échapper !
- Quelle drôle d’histoire, dit-t-elle.
- Attendez…. Euh…. Attends. Ce n’est pas terminé. J’ai couru afin de le rattraper, mais il est arrivé nez à nez ou plutôt sa tête contre les jambes d’une vieille femme. Elle l’a ramassée, mais imagines toi donc que c’était….. ma mère ! Ensuite, elle m’a fait un peu la morale, sautons cette partie de l’histoire…… Mais le chat a réussi à glisser de ses bras et il a couru dans votre boutique.
- Hmmmm…. D’accord, répondit l’employée, ne sachant pas quoi répondre à cette histoire hors du commun. Je suis vraiment navrée, mais je n’ai pas aperçu ton chat. Quelle couleur est-il ?
- Il est roux.
- Si je le vois, je vous avertirais.
- Merci infiniment. Est-ce que je te donne mon numéro de téléphone afin que tu puisses m'avertir si le chat pointe le bout de son museau.
- Oui oui, le voici, dit-elle en écrivant une longue série de chiffres.
- Merci encore, répondit Raphaël en sortant de la boutique.
L’employée le regarda sortir de sa boutique, puis marcha jusqu’à la cachette de Salomon. Elle s’accroupit devant la chaise et souleva le tablier.
- Tu devrais faire plus attention à l’endroit où tu te caches, petit garnement, dit-elle à Salomon, qui tremblait comme une feuille. J’ai vu un petit bout de ta queue bouger, mais ne t'en fais pas je ne dirais rien je vois bien que tu es terrifié à l’idée de retourner chez le vétérinaire.
Salomon se rapprocha de la jeune femme et se frotta sur ses jambes. Il remarqua son badge d’employé sur son chandail et pu lire son prénom: Iris.
- Que tu es mignon ! cria-t-elle. Si tu veux passer inaperçu afin de retrouver ton maître, il faudra que tu attendes plus tard dans la soirée, lorsqu’il y aura moins de personne dehors.Pendant que tu attends, viens sur le comptoir à côté de moi, petite fripouille.
Le jeune matou la suivit et grimpa sur le haut comptoir de quartz. Il se roula en boule et s’endormit tout de suite, éreinté par toute cette aventure. S’il savait à quel point l’avenir serait un défi……..
Salomon sentit une petite main sur son pelage, cela lui rappelait Marc. Comme il lui manquait ! Nostalgique, il releva la tête et aperçut un jeune garçon le fixant de ses grands yeux bruns.
- Comment il s’appelle ? demanda-il à Iris.
- Son nom est Salomon, mais ce n’est pas mon chat. Je l’ai seulement recueillie ici pour la journée.
- Si j’étais toi, je le prendrais et je l'amènerais chez moi. Il est bien trop mignon pour être un chat de goutière.
« Chat de gouttière ! Il a dit que j’étais un chat de gouttière ! s’affola Salomon. » Le chat roux hérissa son poil et cracha.
- AH ! cria le garçon effrayé.
- Mais qu’est-ce qui te prend Salomon ! Ce n’est qu’un enfant, chicana l’employée.
- Il est méchant, pleurnicha t-il.
- Je ne sais pas ce qui lui a pris, il ne m’a pas fait cela tout à l’heure, dit-elle.
- Frédéric ! Viens avec moi mon trésor, dit une femme dans le magasin.
Le jeune garçon courut vers sa mère et Salomon le perdit de vue à cause des étagères qui étaient plus hautes que l’enfant. Sentant un regard fixé sur lui, le chat se retourna: Iris le regardait de ses yeux pairs. « Quoi, n’as-tu jamais vu un chat en colère auparavant ? pensa il. Ce morveux m’a insulté de chat de gouttière, il a bien mérité cette frousse. » Ce jeu de regard cessa lorsque Frédéric et sa mère s’arrêta au comptoir pour payer leurs articles.
- Cela fera un total de 16,25$, dit l’employée.
La cliente déposa le montant demandé sur le comptoir et jeta quelques pièces dans le jarre de pourboire à l’organisme Enfant Soleil. Sans un mot, ils partirent de la boutique.
- Salomon ?
Entendant son prénom, le jeune chat se retourna et regarda Iris avec un brin de malice dans le regard.
- Il commence à être tard et la boutique doit fermer. Je ne peux te laisser vagabonder dans les rues à la recherche de ton maître, je me sentirais mal de ne pas t’avoir aider.
Salomon se redressa: il ne serait plus seul pour accomplir cette aventure, du moins pour un certain moment.
- Donc, si j’ai bien écouté l’histoire de M.Lonel, tu travailles avec ton maître dans une pizzeria. Ça ne doit pas être si difficile à trouver, un restaurant avec un chat.
Iris se pencha et sortit de son sac à dos un portable. Salomon ne savait pas particulièrement ce qu’était cet objet, mais il savait que les humains adoraient ce type d’appareils. Ils en passent du temps là dessus ! La jeune femme tapa sur une série de touche, puis cria:
- Bingo ! La Pizzeria Salomon et Cie. C’est pas trop loin d’ici, plus ou moins une demi heure. Je vais t’y conduire, ensuite tu pourras continuer ton voyage. Allez, suis moi !
Iris contourna le comptoir et se dirigea vers la sortie, Salomon sur les talons. Dans la ruelle en face de la boutique se trouvait une magnifique Subaru Impreza verte. C’est là qu’ils se dirigeaient. La jeune femme ouvra la portière avant du passager et fit un signe à Salomon d’entrer. Elle fit le tour de l’automobile et entra à son tour. Ils se mirent en route, d’une petite ruelle à l’autre. Après une dizaine de minutes, la voiture entra sur une autoroute. Anxieux, Salomon se colla au siège. Il sentait qu’un grave événement allait se produire. Ils allaient à une vitesse qui semblait fulgurante pour le jeune chat. Jamais il n’était allé dans un véhicule. Un énorme camion roulait à droite d’eux, il était immense. Sans signaler, il se tassa vers la gauche, ce qu’il ne savait pas, c’était qu’il y avait une voiture juste à côté de lui, dans son angle mort. Iris écarquilla les yeux. Elle tenta une dernière tentative pour échapper à l’incident qui allait se produire en donnant un coup sec sur le volant afin de tourner à gauche, là où il n’y avait aucune voie. Malheureusement, la voiture qui étaient en arrière d’eux pensa à la même chose et les percuta de plein fouet. La petite impreza verte tourna longuement dans les airs, avant d’atterrir au pied d’un arbre, à plusieurs mètres de la route. Salomon était sonné, mais releva la tête en proie d’un pressentiment qui n'augurait rien de bon. Iris avait la tête penchée vers l’arrière d’une drôle de façon. Du sang dégoulinait le long de son cou, de son nez et de sa bouche. Épouvanté, le matou resta figé par la peur.
-Elle est là ! cria un homme.
-Tenez bon, ne bougez pas! cria quelqu’un d’autre.
Cinq personnes arrivèrent en courant vers l’auto.
-Il y a un chat à l’intérieur.
-Est-ce que la conductrice est blessée? demanda une vieille femme.
L’homme qui avait remarqué Salomon s’approcha encore plus du véhicule. Lorsqu’il aperçut Iris, il plaqua une main sur sa bouche et réprima une nausée.
-Aidez-moi à ouvrir la portière, et quelqu’un appelez les urgences, et VITE ! cria-t-il.
Quatre des cinq personnes tirèrent sur la porte qui était bloquée, tandis que l’autre appelait le 9-1-1. Ils réussirent enfin à l’ouvrir, révélant ainsi Salomon, encore les yeux fixés sur Iris. Ceux qui n’avaient pas encore vu les blessures d’Iris détournèrent le regard, horrifié par ce qu’ils voyaient. Le plus jeune du groupe, un garçon d’environ 17 ans, régurgita ton ce qu’il y avait dans son estomac. La vielle femme qui venait de terminer l’appel des urgence s’agenouilla à côté du garçon et le réconforta. Pendant ce temps, l’homme prenait le pouls de la conductrice, assisté par un autre monsieur plus âgé. La cinquième personne, qui était une jeune femme d’environ du même âge qu’Iris, ouvrit la portière où se trouvait Salomon et le prit dans ses bras.
Chapitre 3
L’ambulance ne mit pas de temps à arriver. Deux paramédicaux sortirent en vitesse de leur véhicule et se dirigèrent vers la voiture d’Iris. Salomon regardait tout, avec de grands yeux horrifiés. « Tous ceux qui me côtoient finissent blessé. Je ne suis qu’un porte-malheur, un des pires êtres que la Terre ait porté, pensa le jeune chat. » Le matou gémissait de tristesse. Il y avait trop de douleur dans son petit cœur. Marc était à un endroit inconnu, Iris était entre la vie et la mort et les derniers que Salomon pouvait considérer comme des amis étaient Rauque et sa bande, qui eux aussi n’étaient pas là.
-Il y a très peu de chance qu’elle survive, et encore moins sans séquelles, dit un des deux paramédicaux.
Les 5 personnes baissèrent la tête, triste de cette malheureuse nouvelle. Les ambulanciers sortirent une civière et soulevèrent délicatement Iris afin de la déposer dessus. Ils fièrent extrêmement attention au cou fragile de la jeune blessée. Salomon miaula pour être déposé sur le sol. Lorsqu’il fut par terre, le jeune chat sauta sur la civière et se lova aux pieds de son amie. L’ambulance partie, la sirène allumée. Le véhicule fendait l’air, esquivant les voitures qui barraient son chemin.En moins de 10 minutes ils étaient à l’hôpital. Alors même qu’ils franchissaient la porte des urgences, une panoplie de personnes en uniforme bleu ou blanc vinrent à leur rencontre.
-Cette jeune fille doit être opérée de toute urgence ! ALLEZ ALLEZ ! cria un des paramédicaux qui était dans l’ambulance.
Un jeune homme d’une trentaine d’années en uniforme bleu prit Salomon dans ses bras et l’amena dans une cage, dans la salle d’attente. « Quoi !!!! Mais…. Mais que fais-tu !? IRIS ! IRIIIIIIIIIIIIIIIISSSS!!!!!! miaula t-il ». Désespéré, Salomon s’affala au fond de la cage et mit son museau entre les barreaux. Plusieurs effluves vinrent lui chatouiller le nez. Les personnes dans ce bâtiment étaient en proie à la tristesse, à la maladie, à la douleur et au désespoir, c’était ça l’odeur qui régnait dans l’hôpital. Le jeune chat attendit, attendit, attendit encore et encore. Iris ne revenait pas. Marc non plus n’était jamais revenu le chercher. Salomon était seul, et tout ça était de sa faute. Il n’avait pas réussi à protéger ceux qu’il aimait et l’aidait sans même hésiter. Pour eux, il n’était qu’un chat, un animal de compagnie. Le matou en était là dans ses lamentations quand, par miracle, une vieille dame franchit la porte de l’hôpital. Elle avait dans ses bras un chat d’un blanc immaculé. La patiente fit quelques pas et tomba sur le sol. Elle convulsait et de la bave moussue sortait de sa bouche. Salomon n’avait jamais rien vu de tel. C’était incroyablement terrifiant. Le compagnon à quatre pattes de la dame paraissait habitué à ce genre de crise, alors à l’aide de sa petite main de chat, il remonta le long de sa manche et pesa sur une montre intelligente. Une alarme sortit de cet appareil et une infirmière accourue immédiatement à la rescousse. La vieille femme partit en civière et Salomon la perdit de vue. Par contre, le chat de la dame resta dans la salle et s’approcha du matou roux. La bête blanche avait les yeux vairons: un vert et un bleu.